Monographie de l'église du village de DAUMERAY

Un document plus complet rédigé par E. Chataigner Chuteau est disponible à l'église St Martin de Daumeray.

I- Introduction

La commune de Daumeray comprenait deux paroisses avec deux églises: celle de Daumeray et celle de Saint-Germain.

St-Germain est une église reconstruite en 1787, dont le choeur est du XIVe siècle. La principale richesse du village est une magnifique porte sculptée en 1570.

Dans chacune des paroisses, il y a une chapelle :

- Dans la paroisse de St-Germain, la chapelle est dans le hameau de Doucé. Elle est dédiée à Saint Etienne. Elle est de forme rectangulaire et on y trouve encore quelques fresques et statues, dont une, la plus originale, est celle d'une vieille et curieuse statue de la vierge noire.

- Dans la paroisse de Daumeray, c'est au hameau Miré, actuellement "Les mirés" que se trouve la chapelle. Elle est dédiée à Saint François. C'est un petit édifice carré, avec fenêtres à trèfles, et l'autel est daté au fronton de 1690.

II - Historique

On ne sait pas la date exacte de la construction de l'église de Daumeray. Mais c'est pendant le XIè siècle, vers 1040-1047, que, pour se racheter de ses péchés, Le Seigneur du pays en fit don à l'abbé de Marmoutier : en effet, celui-ci l'avait soigné après un duel.

Dès lors, l'église resta dans la dépendance du Prieuré (abbaye) que l'abbé s'empressa d'y attacher. Par référence au monastère de Marmoutier, fondé par Saint Martin, elle fut nommée Eglise St-Martin.

Toutefois, il est à noter que l'église de Daumeray est aussi dédiée à Saint Eloi. On sait que Saint Eloi était le patron de Charlemagne.

Autre interrogation : dans les textes, on parle de "St-Germain sous Daumeray". Daumeray signifie en latin : demeure du roi (damus reis).

 

Autant de questions qui ont fait supposer au curé de Fougeray que Daumeray était un fief royal et qu'il y aurait une relation entre St-Germain près de Paris et St-Germain de Daumeray. Mais ce ne sont que des suppositions.

III -La restauration

L'église actuelle a une nef unique du XIème siècle de style roman, et le choeur est de style gothique (néo-Plantagenêt).

En effet, ces deux styles sont dus à la restauration qu'entreprit Monsieur le curé Chevalier en 1882 et que le chanoine Baron finit de restaurer.

Cette restauration a réellement commencé en 1881, mais "les plans ont été modifiés et augmentés en 1883, cette restauration était terminée en 1888". Déjà, et encore en 1923, se pose le problème du paiement des cloches. En fait, l'église a été partiellement achevée en 1890.

Le projet de restauration et d'agrandissement de l'église n'a eu une réponse du ministère de la justice et des cultes que le 23 février 1882.

On pense que l'église avait été abîmée en janvier 1795, car le bourg formait durant toute la chouannerie une place forte vaillamment défendue et, à cette date, les chouans voulant avoir raison, assaillirent le bourg. Les habitants se réfugièrent dans l'église, s'y maintinrent et blessèrent les deux chefs dont le premier mortellement.

La restauration fut assez importante, il y eut :

1. le choeur, anciennement en style roman, est maintenant restauré en style gothique ;

2. le transept a aussi subi cette transformation ;

3. la tribune a eu un changement, et plus précisément les piliers qui la soutiennent ;

4. la voûte de la nef qui a été refaite et repeinte ;

5. le clocher qui a changé de place.

Ce sont les principales transformations, mais il y a aussi eu des augmentations qui ont été faites par le Chanoine baron.

Le Chanoine Baron

Il a été curé de Daumeray du 5 janvier 1895 au 15 août 1933. Il est né à CHOLET le 16 janvier 1856 dans une famille de cinq enfants.

Il alla au collège de Mongazon à ANGERS et, c'est là qu'il trouva sa vocation. Il célébra sa première messe le 8 juin 1879 dans la chapelle de Mongazon où il était surveillant et professeur. Puis il devint économe dans ce même collège. Il se dirigea ensuite vers la vie paroissiale à Erigné et le 5 janvier 1895 il arriva à Daumeray. C'est dans cette même année que "les augmentations de l'église" commencèrent.

 
* L'horloge du clocher fut installé en 1895 aux frais communs de la commune et de la fabrique.

* Le monument de Monsieur Chevalier, âme et principal donateur de la restauration de l'église. Son corps fut transféré du cimetière au transept de l'église en la chapelle St-Joseph. Actuellement, un médaillon artistique en marbre blanc surmonte le monument où repose le corps du curé Chevalier ; le Chanoine Baron offrit une image souvenir à toutes les familles.

* Stalles du choeur et meubles de la sacristie. Monsieur Geslin exécuta les divers placards touchant l'abside de la chapelle de la Sainte Vierge et le mur du choeur; ensuite le dessus du chasublier et les meubles de chaque côté de la fenêtre de la sacristie ; enfin, le marchepied devant le chasublier et le grand tiroir qui le surmonte furent ajoutés.

Les boiseries et stalles du choeur sont l'oeuvre de Monsieur Oger, sculpteur, qui exécuta :

- En 1896, les riches boiseries et les stalles réservées aux prêtres, ainsi que le siège du célébrant et de la crédence.

- En 1897, il fit les stalles, les bancs et les boiseries du choeur derrière l'autel, et aussi les pupitres des chantres. Cette même année fut achevé le crucifix qui est en face de la chaire, actuellement au-dessus du monument aux morts.

* Le chemin de croix, offert par Monsieur le vicaire général Grellier le 26 juin 1905. Celui-ci a remplacé les vieux tableaux défraîchis qui sont maintenant dans l'église de St-Germain.

 

* Peintures et monument aux morts.. C'est en 1904 que la chapelle de la Sainte Vierge fut décorée avec la palette soignée, distinguée et discrète de l'artiste qui l'exécuta. Puis ce fut au tour de la chapelle St-Joseph. Elle est peinte dans un genre plus simple avec des tons riches en couleurs et un beau dessin.

En 1921, le monument aux morts fut acheté par la paroisse entière.

* L'électricité.

En 1916, aux frais de la commune et de la paroisse, le curé Baron installe l'électricité dans le sanctuaire et dans la nef.

Aussi, 49 lampes furent installées dans la chapelle de la Sainte Vierge.

En 1918, il y eut l'installation des rampes au-dessus des stalles, et 124 lampes au Sacré-coeur.

* Ciboires, exposition, statues, tableaux, bannières ont été offerts par certaines personnes de la commune.

Toutes ces "petites transformations" entreprises par le Chanoine Baron se terminèrent lors de son départ de Daumeray, après avoir fondé l'école des petites filles, actuellement école Notre-Dame, et aussi l'école St-Joseph pour les garçons. Il a aussi conservé le presbytère et le champ qui lui est attaché. Puis il mourut à Cholet le 25 novembre 1936. La restauration se termina avec la mort du Chanoine Baron. Lors de la restauration, l'église a pu être rabaissée, car on trouve la trace d'anciennes fenêtres qui sont coupées. Aussi, avec l'aile gauche du transept atteignait et communiquait autrefois le bâtiment du Prieuré.

IV - L'extérieur de l'église

a- Le toit

Le toit (en tuile, dans un premier temps) est à deux versants. Il a, peut-être pas entièrement mais en partie, été refait, ainsi que la charpente. C'est d'ailleurs ce qui fait supposer que la voûte de la grande nef aurait, elle aussi, été rénovée.

b- La façade latérale

L'ancienne partie de la façade latérale, c'est-à-dire la "partie nef", n'a que deux contreforts : un au début et un à la fin.

Sur le mur de la façade latérale, tombent du toit des créneaux décorés. Seuls, trois vitraux avec des formes géométriques - des fleurs - forment une décoration de cette façade, ainsi qu'une porte refaite lors de la restauration.

La partie supérieure de cette façade comprend le clocher en haut, la chapelle St-Joseph en bas et la sacristie qui finit l'église.

Dans cette partie, quatre contreforts séparent trois travées.

- La première travée comporte une porte qui ressemble à celle de la partie inférieure de la façade. Cette porte débouche sur l'escalier montant au clocher. Au pied de l'escalier et à droite, une autre porte donne accès à l'église au fond de la chapelle St-Joseph.

- Les deux autres travées ont chacune un vitrail qui donne sur le choeur.

Et derrière, une petite porte donne sur la sacristie.

c- La façade principale

Elle comprend un portail surmonté d'un double vitrail. Elle se termine par une étroite ouverture

Le portail

L'archivolte du portail est formé de points séparés régulièrement les uns des autres. Le tympan est décoré. Une croix carrée et sculptée se trouve au centre. Le tout sur fond ouvragé de losanges ayant en leur centre une fleur.

 

Le linteau ne présente aucune décoration. Des piliers dont les chapiteaux sont sculptés soutiennent les voussures. Ces piliers sont au nombre de deux en chacun des côtés et ils reposent sur un bloc de grosses pierres. Quant aux chapiteaux, ils ont une décoration qui se prolonge à la même hauteur sur toute la largeur de la façade.

Le portail en lui-même est en bois. Dans la partie droite de ce portail, s'ouvre une petite porte. De chaque côté, trois gonds sont prolongés par des décorations. Ces gonds sont en métal ainsi que leurs prolongements.

d - Le clocher

En dessous du transept sud, un étroit et abrupt escalier monte au clocher. Par sa base carré, le clocher est antique. Il est percé sur chaque face d'un double arceau qui, vers le sud, enserre une double petite baie romane. Le clocher a quatre étages :

- Au 1er, il y a deux lucarnes ;

- Au 2ème, se trouve un arceau roman formé d'un double arceau ;

- Au 3ème, se répète un double arceau ;

- Au 4ème, c'est la toiture du clocher qui a quatre faces dont chacune est agrémentée d'une lucarne. Le clocher se termine par une croix, à droite, et le célèbre coq, à gauche.

Les cloches

Bénie en 1755, la cloche Martine, d'un poids de 1200 livres est la plus ancienne des trois cloches de l'église.

En 1923, il fut décidé d'y ajouter deux compagnes pour voir à Daumeray une sonnerie digne de la paroisse.

Et c'est le dimanche 26 août 1923, que le Chanoine Baron bénissait ces deux nouvelles cloches : Clotilde, Eugénie, Maria, Julia-Louise et Marie-Anne, Françoise, Thérèse, plus légère. Toutes les deux étaient décorées. Elles furent montées au clocher le 15 septembre suivant. Leur poids est de 814 kilos pour Clotilde, et de 401 kilos pour Marie-Anne.

Ce sont les cloches actuelles, situées au sommet de l'église. Chaque dimanche, ou à chaque messe, nous entendons trois sons de cloches.

Mais, par le texte : "Extrait du registre des délibérations", nous apprenons que le 2 décembre 1923, le problème du paiement des cloches n'était pas résolu et le curé Baron fut chargé de rassembler l'argent.

 

 

V - L'intérieur de l'église

La nef n'offre d'intérêt que par son antiquité (XIe), elle a une longueur de 30m 50 sur une largeur de 10m 10.Quant au choeur, il est de 9m 90 sur 7m 20.

Mais le transept forme avec le choeur et les deux sacristies un rectangle de 19m 30 sur 16m 20.

Les églises des alentours, c'est-à-dire: Morannes, Durtal, Chateauneuf, Etriché, Tiercé et Baracé, sont à peu près de même hauteur que celle de Daumeray. L'église de Daumeray n'a pas une taille caractéristique.

 

a - La grande nef

La voûte a été refaite lors de la restauration. Dans la grande nef, il n'y a qu'une seule voûte formée de sept travées. En effet, de chaque côté, cinq arceaux épais dont la pointe s'aiguise à peine, retombent sur de larges piliers plats, sans autres moulures qu'un étroit larmier ornementé de dés, dents de scie et billettes romanes.

Dans les textes, il n'est pas mentionné une restauration de la voûte. Cependant, toute la voûte est encore "fraîche". De plus, la peinture est sur bois, et se défraîchît donc moins vite.

Ces travaux n'étant qu'une petite partie de la restauration, par rapport à celle du choeur, ils n'apparaissent pas.

 
 

La voûte est à 15 m du haut, elle a des dessins réguliers et constants qu'entrecoupent des blasons, au nombre très restreint de six.

L'éclairage de l'église est direct, c'est-à-dire qu'il se fait par la nef, dont certains arceaux ont, au centre, un vitrail.

Les murs ont une épaisseur de 75 cm à 1m50 environ.

La voûte de la nef est plein centre, et dans la nef, les arcs doubleaux sont absents. Les chapiteaux de la grande nef ont tous une décoration identique, ce sont les arceaux qui ont des lamiers qui diffèrent.

b - Le choeur

 

Le choeur étant de style roman, les nervures des voûtes du choeur retombent sur des bustes de rois et de reines. Les voûtes ont une hauteur maximum de 15 m. Il n'y a qu'un seul arc doubleau qui se trouve à peu près à la moitié du choeur, c'est-à-dire au-dessus de l'autel. Les chapiteaux du choeur diffèrent de ceux de la nef, mais ils sont en harmonie avec ceux-ci.

c - Le sol

Le choeur a un sol en carrelage qui date de la restauration. Comme il a été mentionné auparavant, il y a au moins une tombe dans l'église de Daumeray : celle de l'abbé Chevallier, principal donateur pour la restauration de l'église. Un médaillon en marbre s'y trouve actuellement dans le transept sud. Plus étonnamment, il y a aussi deux autres plaques indiquant "Ici repose... ", mais aucune archive ou texte n'en parle. Reposent-ils réellement ici, ou sont-ils au cimetière et leur plaque funéraire à l'église? On ne le sait pas.

 

 

d - Vitraux - Chapiteaux et chairs

On n'a aucune archive sur les vitraux de la nef. L'exemple ci-contre est en effet un vitrail de la nef, mais il y en a deux sortes et ils sont intercalés.

Les vitraux du choeur et du transept ont été offerts après la restauration par les nobles de Daumeray. Certains ont été offerts par la famille de Bloys (actuellement : de Blois) dans la chapelle St-Joseph :

- l'un "Ste Anne instruisant la Sainte Vierge"

 

- l'autre "le Ven-Loys de Bloys faisant le portrait de Ste Anne avec un enfant (Louis de Blois) écoutant les leçons de son ancêtre.

Les deux vitraux - chevet

  Dans une forêt St Martin rencontre

des brigands et l'un se convertit.

St Martin, voit dans un songe le

Christ revêtu de la moitié de son manteau,

qu'il avait partagé avec un pauvre.

St Martin partage son manteau avec un pauvre

    St Martin guérit les pauvres.

St Martin et l'arbre du défi.

La Messe de St Martin.

St Martin devient évêque contre son gré.

Quant aux chapiteaux, l'imitation entre ceux de la nef et ceux du choeur, ou du transept, ou même de la tribune, a été très bien faite. Le chapiteau, ci-joint, est celui de la tribune qui a été fait lors de la restauration.

La chaire est très vieille, c'est-à-dire de l'époque de l'église (XIe), mais elle a subi des modifications lors de la restauration. Elle est de la même hauteur que les arceaux de la nef.

Le plan de l'église