Origine de notre calendrier en Jésus Christ - Les grandes dates de la vie de Jésus Christ

Notre calendrier, et notre ère dite chrétienne, a pour origine, comme chacun sait, la naissance du Christ (" Envoyé de Dieu "). Ce document vous propose de voir comment on peut tenter de déterminer cet événement à partir des évangiles de Matthieu (Mt), Marc (Mc), Luc (Lc) et Jean (Jn). Les évangiles ne permettent pas d'établir une chronologie précise de la vie de Jésus. Mais les indications qu'ils donnent peuvent être utilisées, avec d'autres données historiques, pour en connaître les principales dates avec une certaine précision.

1) Naissance

C'est au VIe siècle qu'un moine, Denys le Petit, avec l'approbation du Pape Jean II, établit un nouveau calendrier. Denys a ainsi fait correspondre la naissance du Christ au 25 décembre 753 du calendrier romain (les années étaient comptées depuis la fondation de Rome) et a fixé le début de l'ère chrétienne au 1er janvier 754, jour de la présentation au temple et de la circoncision du Christ (signe de l'alliance avec Dieu Gn 17v4-10). Le concept opératoire du zéro n'existant pas à cette époque en Occident, ce jour fut le 1er janvier de l'an 1 (C'est ainsi que le 2ème siècle a commencé au 1er janvier de l'an 101 … et que le passage au troisième millénaire ne s'est fait en réalité qu'au 1er janvier 2001). L'année précédente, 753, correspond donc à l'année -1 (puisqu'il n'y a pas d'an 0). Donc, selon ce calendrier, Jésus née le 25 décembre 753, serait née contrairement à ce que l'on pourrait croire en l'an -1.
Cependant, on sait par le témoignage de Matthieu et de Luc que Jésus naquit sous Hérode le grand, mort en l'an 750 de la fondation de Rome. Cette donnée est donc inconciliable avec celle de Denys qui date la naissance du Christ en 754. Denys s'est en fait trompé dans ses calculs, comme nous allons le voir. Par commodité, on continue de compter les années en suivant ses indications, mais il en résulte que, d'après le calendrier actuel, Jésus est né " avant Jésus-Christ " !
La naissance du Christ a donc eu lieu, nous disent les Evangiles " au temps du roi Hérode " (Mt 2,1, Lc 2,1). Hérode 1er ayant régné de -40 à - 4 av JC, Jésus a donc dû naître avant la mort d'Hérode donc avant l'an - 4.
On trouve par ailleurs des traces, relatées entre autres par Flavius Josèphe, d'un grand recensement effectué en Syrie par ordre de Quirinus sous le règne de César Auguste. Recensement qui déclencha une révolte des juifs à la mort d'Hérode, et qui fut réprimée dans le sang. Ce recensement a amené Jésus à naître à Bethléem : " Joseph aussi monta de la ville de Nazareth en Galilée à la ville de David qui s'appelle Bethléem (Lc 2v 4) " (ainsi que l'avait annoncé bien avant de nombreux prophètes : Moïse vers -1250, Dt18v15, Samuel vers -1040, 2S7v12, Isaïe vers - 700, Is7v14 et 11v1, Michée vers -736, Mi 5v1, Ezéchiel vers -590, Ez 37v26...)
Matthieu nous dit aussi qu'Hérode, ayant appris par les mages que " ...le roi des Juifs venait de naître" (Mt 2,1, Lc 2,1) voulut se débarrasser de ce concurrent " ...Car Hérode va rechercher le petit enfant pour le faire périr " (Mt 2,13) et qu'alors " ...il envoya massacrer tous les enfants qui étaient à Bethléem à partir de deux ans et au-dessous, selon le temps qu'il s'était fait préciser par les mages " (Mt 2,16). Il faut donc ajouter au moins deux années aux quatre années précédentes.
Matthieu nous rapporte encore les paroles suivantes à la mort d'Hérode : " Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère et va au pays d'Israël. Car ils sont morts, ceux qui cherchaient l'âme du petit enfant " (Mt 2,19). Jésus était donc encore un petit enfant (1 an ?) à la mort d'Hérode. Il serait donc né aux environs de l'an - 7. La date précise de la naissance de Jésus n'est donc pas connue, remarquons que c'est aussi le cas de la plupart des grands hommes de l'Antiquité.

2) Prédication

Selon saint Luc (3v1), Jean-Baptiste commença sa prédication en " l'an 15 du principat de César Tibère… ", c'est-à-dire entre le 1er octobre 27 et le 30 novembre 28. Toujours selon le témoignage de Luc, " …Jésus, en commençant, était âgé d'environ trente ans " (Lc 3,23). Les évangiles de Matthieu, Marc et Luc ne donnent aucune indication de durée à la prédication de Jésus, mais Jean mentionne trois Pâques : les débuts de la prédication (Jn 2,13), à la Multiplication des pains (Jn 6,4), au dernier repas (Jn 13,1). La prédication, l'annonce de la bonne nouvelle (l'évangile), aurait donc duré trois ans.

3) Mort

Jésus mourut sous Ponce Pilate qui fut procurateur de Judée de 26 à 36 de notre ère. Le nom du procurateur, connu des historiens, est donné dans les quatre évangiles ; il a même été introduit dans le Credo, le " Je crois en Dieu ".
La Pâque juive (commémoration de l'Exode et non pas de la crucifixion du Christ) tombe un jour fixe du calendrier officiel, le 15 du mois de nisan, et, comme notre fête de Noël, un jour variable de la semaine. Le repas pascal, lui, se prend le 14 au soir. Marc et Jean indiquent que Jésus fut exécuté un vendredi ; une veille de sabbat : " C'était le jour de la Préparation ", écrivent-ils l'un et l'autre (Mc 15,42 ; Jn 19,31).
Une incertitude vient du fait que le témoignage de Jean et celui des autres évangélistes ne concordent pas. Selon Matthieu, Marc et Luc, Jésus aurait célébré un repas pascal le jeudi soir avant de mourir ; le Jeudi Saint (commémoration du dernier repas de Jésus et institution de l'Eucharistie) serait donc le 14 nisan, veille de la Pâque, et la Pâque le vendredi 15. Jean, souvent plus riche en détails, donne une indication différente. Il précise que lorsqu'on conduisit Jésus chez Pilate pour demander sa mise à mort, " c'était le point du jour. Ceux qui l'avaient amené n'entrèrent pas dans la résidence pour ne pas se souiller et pouvoir manger la Pâque " (Jn 18,28). Le repas pascal n'avait pas encore été pris ; il ne le serait que le 14 nisan, le vendredi soir. La fête de la Pâque, elle-même tombant alors le samedi 15. Cette donnée est inconciliable avec celle du vendredi 15 nisan précédent.
Historiquement, le témoignage de Jean est sans doute meilleur (il a d'ailleurs été retenu pour la liturgie chrétienne), car il est invraisemblable que Jésus ait été crucifié le jour même de la fête (la loi juive interdisant alors tout travail), le 15 nisan, et il comporte plus de détails sur la Passion que les autres. Un texte juif du Talmud donne d'ailleurs une indication qui concorde avec les siennes : " La veille de la Pâque, on a (sus)pendu Jésus " (Talmud de Babylone, traité Sanhédrin 43 a). Jésus est donc très probablement mort un vendredi 14 nisan. Avec des calculs assez simples sur le calendrier juif qui est lunisolaire, on peut alors savoir quelles années la Pâque est tombée un samedi 15 nisan, et de là en déduire, la date de la mort de Jésus. Pour les années où Pilate était procurateur de Judée, ce vendredi peut correspondre au 7 avril 30 ou au 3 avril 33. L'année 27 serait également possible, mais cette hypothèse laisse assez peu de temps pour la prédication de Jésus. En conséquence, le repas du Jeudi Saint fut pris vingt-quatre heures trop tôt pour être un repas pascal (le jeudi 13 au soir), même s'il baignait déjà dans l'atmosphère de la fête toute proche. Matthieu, Marc et Luc, en le présentant comme un repas pascal, font passer sa portée symbolique, passage de l'esclavage du peuple juif en Egypte à la liberté, de la mort à la vie par la résurrection du Christ, avant le souci d'exactitude historique. Le Christ Jésus (" Dieu sauve " en hébreu) en choisissant de mourir au moment du repas pascal représente bien l'agneau immolé (sur la croix Ap5v6 qui offre sa vie au monde Jn 12v45) de la pâques juive. Les évangiles de Matthieu, Marc et Luc se voulant avant tout pédagogiques et non chronologiques.
Par ailleurs en Jn 2,19 : "Détruisez ce sanctuaire et en 3 jours, je le relèverai". Les juifs lui dirent alors, "il a fallu 46 ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en 3 jours tu le relèveras ?". Des documents permettent de dater la construction du temple en –19, aussi les 46 ans doivent amener à dater cet évênement, la 1ère Pâques dans l'évangile de Jean, à l'année 28.
En regroupant tous ces renseignements, les Pâques mentionnées par Jean doivent être celles des années 28, 29 et 30, la dernière tombant le lendemain de la mort de Jésus, le 15 nisan, ou 8 avril 30. La vie publique de Jésus dû commencer dans l'hiver 27-28, Jésus ayant un peu plus de trente ans (34); elle se termina par sa mort le 7 avril 30, après avoir duré entre deux et trois ans.

Né quelques années, probablement sept années, " avant Jésus-Christ " et mort sans doute le 7 avril 30, Jésus passa environ trente sept ans sur cette terre. Le nombre de trente-trois ans, souvent donné en raison de sa valeur doublement trinitaire, est avant tout symbolique.

Ces dates rapprochées de celles des historiens concernant Pilate et Tibère permettent d'avoir une idée assez précise de la chronologie de la vie de Jésus, au moins aussi précise que pour la plupart des grands hommes de l'Antiquité. Elles permettent d'attester l'existence de Jésus Christ d'un point de vue historique, ainsi que le caractère véridique des témoignages donnés dans les évangiles et le souci d'exactitude (avant tout pédagogique) de leur rédacteur. Ainsi Saint Luc (1) nous dit " D'après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins …après m'être informé exactement de tout depuis les origines ".

4) Résurrection

La résurrection du Christ est un mystère. Elle ne peut être considérée comme historique, hormis pour les Chrétiens.
Le Christ est ressuscité le dimanche suivant la passion, "elles trouvèrent la pierre roulée devant le tombeau...(Lc24v2)", "il est ressuscité, il n'est pas ici ; voyez le lieu où on l'avait déposé (Mc 16v6)". Soit donc le premier jour de la semaine (le samedi, le sabbat étant le 7ème jour le temps du repos, Gn 2v1, passé au tombeau) et trois jours (mais en fait seulement deux, du vendredi 15h au dimanche 6h) après sa mort comme il l'avait annoncé. Il s'en suit cinq à six apparitions du Christ aux apôtres ou à des disciples. Il vient ainsi leur prouver sa résurrection (Jn 20v14, Lc 24v13,Mt 28v16).

5) Conclusion et remarques sur les évangiles

La vie de Jésus de Nazareth et son existence sur Terre sont un fait historique, au même titre que l'existence de Jules César, et de bien d'autres personnages de l'histoire du monde. Notre société a conservé de très nombreuses traces de son passage. Une des plus marquante est, 2000 ans après, le témoignage de millions d'hommes et de femmes qui nous ont transmis leur espérance et leur foi au cours de l'histoire. Foi qui repose sur les évangiles qu'ont écrit les apôtres, témoins oculaires des signes accomplis par Jésus Christ (Jn 20v30).

Il est troublant de voir qu'au travers des âges les textes de la Bible ont été rapportés sans de grandes modifications. On a en effet trouvé à Qûmran ou en d'autres lieux des parties entières de l'ancien testament (ou ancienne alliance) qui correspondent encore à ce que nous connaissons aujourd'hui.

Les évangiles, bien que n'étant pas des livres d'histoire, nous éclairent sur tel ou tel point de la vie de Jésus Christ et sur la vie des hommes à cette époque. Certes, les signes qui y sont rapportés sont parfois surprenants, mais il convient avant tout d'y voir leur portée spirituelle. On peut y trouver des questions et des réponses qui sont encore vraies aux cœurs des hommes d'aujourd'hui. On y observe, comme dans des livres d'histoire aussi anciens, des divergences qui sont certainement dues à des traditions différentes dans les diverses premières communautés chrétiennes, à un moins grand souci chronologique de l'époque et au mode de communication tout d'abord orale de la bonne nouvelle. Mais leurs divergences mêmes attestent mieux qu'une uniformité artificiellement construite le caractère ancien, historique et la vérité des témoignages que nous ont transmis les apôtres et tous les chrétiens qui viennent à leur suite jusqu'à ce jour.

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